Les dangers cachés des boissons énergisantes chez les sportifs

Les dangers cachés des boissons énergisantes chez les sportifs

Les boissons énergisantes : alliées ou ennemies du sportif ?

On les voit partout : dans les salles de sport, lors des trails, au bord des terrains… Les boissons énergisantes ont envahi le paysage sportif avec des promesses attirantes : booster d’énergie, amélioration des performances, réduction de la fatigue. Mais que cache réellement cette canette brillante qu’on avale souvent sans réfléchir ? Est-ce vraiment l’arme secrète pour performer, ou un piège emballé sous un marketing bien rodé ? Spoiler : il y a un sacré revers de la médaille.

Boisson énergisante vs boisson énergétique : attention à la confusion

Avant d’aller plus loin, mettons les choses au clair. Il ne faut pas confondre boisson énergétique et boisson énergisante. La première, destinée aux sportifs, est formulée pour soutenir l’effort (eau, glucides, électrolytes). La seconde, elle, est conçue pour « réveiller » le corps, grâce à un cocktail excitant : caféine, taurine, guarana, sucre, etc. Son objectif ? Stimuler le système nerveux central.

Autrement dit : la boisson énergétique aide quand vous suez. L’énergisante, elle, vous secoue le cerveau – pas toujours pour le mieux.

Ce que contiennent vraiment les boissons énergisantes

Le combo explosif de ces boissons repose généralement sur plusieurs substances actives.

  • Caféine : jusqu’à 320 mg/litre. Trois fois plus qu’un café classique. Elle agit en bloquant l’adénosine, neurotransmetteur qui provoque la sensation de fatigue.
  • Taurine : un acide aminé censé améliorer la performance et la récupération (bien que les preuves scientifiques en soient encore limitées).
  • Guarana : plante d’Amérique du Sud, très concentrée en caféine. Un « bonus » excitant…
  • Sucre : souvent plus de 25 g par canette, soit quasiment l’équivalent de 5 morceaux de sucre. Bonjour le pic glycémique.
  • Vitamines B : elles contribuent au métabolisme énergétique, mais en excès, leur utilité est discutable chez les personnes bien nourries.

À première vue, l’effet est tentant : coup de fouet, concentration accrue, plus d’intensité à l’entraînement. Le problème ? L’organisme paie cette « suractivation » au prix fort.

Un cœur mis sous pression

L’un des effets les plus problématiques des boissons énergisantes concerne le système cardiovasculaire. Plusieurs études, dont une parue dans le Journal of the American Heart Association (2019), ont mis en évidence une élévation significative de la tension artérielle et une perturbation de la fréquence cardiaque après consommation.

Chez certains sportifs, cela peut entraîner :

  • Palpitations
  • Tachycardie
  • Troubles du rythme cardiaque
  • Risque accru d’arythmies, surtout en cas d’effort intense et prolongé

Et ce n’est pas un cas isolé. Plusieurs cas d’hospitalisations, notamment chez des jeunes sportifs, ont été reliés à une consommation excessive de Red Bull, Monster et autres boissons cousins. À partir de deux canettes, le risque augmente sensiblement – surtout si on y ajoute des facteurs de risque comme le tabac, une prédisposition cardiaque ou… une nuit blanche.

Déshydratation et troubles digestifs : les effets sournois

Contrairement à ce que certains croient, ces boissons ne vous hydratent pas. La caféine, en quantité élevée, est légèrement diurétique. Résultat : vous perdez plus d’eau que vous n’en absorbez. Un comble quand on sait que la moindre déshydratation altère déjà les performances sportives.

Ajoutez à cela l’effet irritant sur la muqueuse gastrique, causé par l’acidité et les substances excitantes, et vous obtenez un lot de désagréments :

  • Crampes abdominales
  • Nausées ou vomissements
  • Ballonnements
  • Reflux gastrique (particulièrement désagréable en courant)

Pas vraiment l’idéal pour un trail de 20 km ou une séance de HIIT.

Un effet « boost »… suivi d’un crash

Oui, on ressent un coup de fouet après une boisson énergisante. Mais à quel prix ? L’effet euphorisant est de courte durée, et ce qui suit, c’est la fameuse descente. Fatigue renforcée, irritabilité, baisse de concentration… Une spirale qui peut devenir addictive.

Le cerveau est trompé durant quelques heures : la fatigue ne disparaît pas, elle est simplement masquée. En repoussant les signaux d’alarme, on pousse le corps à dépasser ses limites – souvent au détriment de la récupération. Et ce n’est pas juste une impression : des chercheurs de l’Université de Waterloo (Canada) ont relevé que 55 % des consommateurs réguliers éprouvaient fatigue ou somnolence plusieurs heures après l’effet initial.

Performance et récupération : où est le bénéfice réel ?

Contrairement à ce que laisse penser la publicité, les études scientifiques sont loin d’être dithyrambiques sur l’effet des boissons énergisantes sur la performance sportive. Certaines recherches suggèrent une légère amélioration de l’endurance lors d’épreuves courtes, mais aucune preuve ne montre un réel impact significatif sur la performance globale.

Pire encore, une étude publiée dans Sports Medicine (2020) conclut que les bénéfices potentiels sont généralement annulés par les effets secondaires : nervosité, contraction musculaire involontaire, troubles du sommeil, difficulté à récupérer.

En bref : ce que vous gagnez en intensité à l’instant T, vous le perdez lors des phases de récupération – pourtant essentielles pour progresser.

Un cocktail explosif avec l’alcool ou certains médicaments

Le mélange boissons énergisantes + alcool est hélas devenu banal, surtout chez les jeunes adultes ou après une compétition. Or ce duo est particulièrement risqué.

Pourquoi ? Parce que l’effet stimulant masque l’ivresse. On se croit sobre, alerte… alors qu’on est déjà en surmenage. Ce phénomène augmente le risque de comportements à risque (conduite, accidents, agressivité) et peut mener à des intoxications sévères, voire à une hospitalisation.

Les interactions médicamenteuses existent aussi. Antidépresseurs, médicaments contre l’anxiété ou troubles cardiaques : certaines molécules ne font pas bon ménage avec cette bombe sucrée et excitante.

Existe-t-il des alternatives plus saines pour booster ses performances ?

Heureusement, oui. Si votre objectif est réellement de performer (et pas juste de « tenir debout »), il existe des solutions plus naturelles et beaucoup moins risquées :

  • Infusion de maté ou thé vert : une dose modérée de caféine, des antioxydants puissants, et un effet tonique sans tremblements.
  • Boissons isotoniques maison : eau, jus d’orange, une pincée de sel et du miel. Simple, efficace, économique.
  • Barres énergétiques à base de dattes, fruits secs et oléagineux : elles soutiennent l’effort et fournissent de l’énergie durable.
  • Sommeil, hydratation, préparation physique individualisée : les vrais piliers d’une endurance solide et durable.

Le sport, ce n’est pas seulement performer. C’est aussi écouter son corps, respecter ses besoins, et construire une progression cohérente. Miser sur les raccourcis chimiques revient souvent à reculer ensuite deux fois plus vite.

En résumé

Sous leurs couleurs flashy et leur promesse de « boost », les boissons énergisantes cachent une réalité bien plus contrastée – surtout chez les sportifs. Leur efficacité est très relative, et les risques qu’elles entraînent pour le système cardiovasculaire, digestif et nerveux ne sont pas à prendre à la légère.

Alors, la prochaine fois que vous hésitez entre une canette de Red Bull et un bon smoothie maison, pensez comme un sportif, pas comme un cobaye. Votre cœur (et vos perfs) vous diront merci.

Article rédigé par Nael Béranger pour Santé Chrono